« Il a le charisme d’une huître ». Bonne nouvelle ! Cette condamnation sans appel ne remet pourtant pas en cause vos compétences et surtout… Elle n’a rien de définitif ! Suivez notre expert pour bien cerner la signification de ce talent pour bien développer le vôtre.
Extraits de « Oui, vous avez du charisme ! » de Béatrice Toulon aux Editions Dunod.
Pour une nouvelle définition du charisme
Le charisme n’est pas ce « don des dieux », porté par la tradition qui produit les héros. Le charisme n’est pas un privilège reçu à la naissance mais une ressource personnelle qui arrive à s’exprimer si fortement qu’elle en rejaillit sur les autres. C’est un désir produit par notre énergie vitale, désir puissant d’exister, à ses yeux à soi et aux yeux des autres, de leur plaire, d’emporter leur adhésion… Plus exactement, le charisme est l’effet produit dans leur regard quand ils nous renvoient en miroir, par leur admiration, la raison que nous avons d’exister.
Puisque le charisme naît d’une énergie personnelle, il y aura autant de formes de charismes que de personnalités différentes. On peut, souvent cela arrive, être inspiré par des modèles, des mentors mais comme révélateurs de nous-mêmes. Inutile de copier, inutile de reproduire, la seule voie est celle de son charisme personnel. « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris », disait Oscar Wilde…
A chacun ses graines de charisme
Chaque histoire est toujours intéressante parce qu’elle est unique. « Il faut cultiver son jardin », écrivait Voltaire. Que voulait-il dire ? Nous avons chacun une famille, chacun une histoire, chacun un parcours, qui nous ont construits et ont façonné notre personnalité actuelle. Histoire apparemment glorieuse ou d’une banalité apparemment affligeante… La valeur réside essentiellement dans ce que nous en faisons et dans ce que nous en disons. Avec quels outils peut-on cultiver ce jardin-là ?
Tout est matériau de charisme
Le charisme se nourrit de tout, à condition de savoir identifier nos singularités, de forger notre cohérence et de nous entraîner à sublimer l’ensemble par notre discours. Aucun matériau n’est jamais négligeable. Être le dernier d’une fratrie, le moins beau, avoir déménagé souvent, avoir rêvé d’une autre carrière, être arrivé par accident dans le métier que l’on exerce… Tout fait récit, comme celui de Michel Drucker ou Jean Dujardin en petits derniers, cancres devenus stars. Encore faut-il avoir conscience du potentiel de cette singularité et de s’en pénétrer positivement.
Parfois, un parcours en apparence linéaire peut masquer à nos propres yeux nos traits saillants ou plus simplement notre singularité.
Faire de nos faiblesses une force
Il n’est pas facile de tout faire bien, il n’est pas facile de le reconnaître. Les femmes actives tout particulièrement éprouvent des difficultés à reconnaître et à accepter leurs propres faiblesses. C’est le syndrome de la bonne élève, surtout être parfaite : parfaite au travail, parfaite en mère de famille, parfaite en fille de ses vieux parents… Mais ce syndrome nourrit beaucoup plus la dépression que le charisme. Reconnaître ses manques et les accepter c’est faire entrer les autres dans son monde. C’est se mettre au même niveau qu’eux et reconnaître appartenir à une commune condition humaine, fondamentalement imparfaite.
C’est peut-être paradoxal mais c’est ainsi : reconnaître et dire sa faiblesse, mais avec tranquillité parce qu’on se reconnaît d’autres qualités, est un puissant moteur du charisme.
Il n’y a pas un, mais des charismes
Chaque vie sème des graines à partir desquelles le charisme peut se développer. Certains de ces germes ne pousseront jamais, d’autres végéteront, d’autres enfin s’épanouiront sur un mode luxuriant, tout dépend du soin apporté par le cultivateur. Le charisme présente ainsi de multiples facettes : il n’y a pas un charisme mais des charismes.
Une personne charismatique peut ainsi se présenter comme :
- un « chef de meute » capable de créer un sentiment d’appartenance au sein d’une équipe désunie;
- un être empathique, à l’écoute de chaque individualité et qui manifeste cette intelligence des situations qui ouvre des voies nouvelles;
- une personne capable d’envoûter par son verbe pour transformer la banalité quotidienne en récit épique et mobilisateur ;
- un innovateur, fascinant de talent.
En réalité, le champ des possibles charismatiques est infini… C’est la culture de la singularité de chacun qui nous intéresse. Mais pour cultiver nos talents, il faut les identifier et en faire le récit, car il n’y a pas de charisme sans récit.
Le charisme, une vertu masculine pour les patrons?
En pratique, il n’y a pas de différences entre hommes et femmes dirigeants. Leurs traits de personnalité, leur charisme et leur style de leadership sont les mêmes ou, du moins, varient autant au sein de chaque sexe qu’entre les sexes. « Le sexe n’est pas une variable pertinente », conclut la compilation de vingt-cinq enquêtes européennes (« l’impact du genre sur les traits de personnalité des leaders et les effets sur leur style de leadership », 2013). Des enquêtes antérieures (Bass en 1998, Eagly, Johannesen-Schmidt & Engen en 2003) avaient même conclu que les qualités charismatiques étaient plus souvent attribuées à des managers féminins!
Mais les stéréotypes ont la vie dure. Si vous demandez à un patron d’associer un nom au mot charisme, il citera toujours un homme.